GIROND, hameau de charme, Ardèche (France)
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Savoir:   la géologie épisode 3, les grandes lignes du paysage de Girond  















                           
  Aujourd'hui, le paysage géologique est dominé par une ligne de crêtes à forte dominante volcanique. Le reste de la vallée est presque exclusivement formé de granite:


Remontons une nouvelle fois le temps, jusque vers 300 miilons d'années. La bande dessinée suivante va vous montrer comment et pourquoi le paysage s'est transformé. Elle vous montre le paysage vu de Girond en direction des crêtes, un peu comme sur la photo précédente.

A l'endroit où se trouve Girond, les roches sont très majoritairement du gneiss. Le gneiss est une roche qui résulte de la compression (sans fusion) de roches préexistantes, à Girond très probablement du granite ou ses produits de décomposition (sable, argile...). La chaîne hercynienne est à son apogée, elle trouve son origine dans la collision frontale de deux plaques continentales. Collision très lente mais spectaculaire : elle créee une chaîne de montagnes du même ordre de grandeur que l'Himalaya. Des roches qui étaient en surface se retrouvent à 10, 20 ou même 30 kilomètres de profondeur.
Vers -300 millions d'années, la poussée des deux plaques s'arrête, ce qui a pour effet de diminuer les pressions absolument énormes qui règnent à cet endroit. Cette baisse de pression provoque en profondeur la fusion du gneiss qui se transforme en granite (ou plutôt qui se retransforme puisque le gneiss était très probablement du vieux granite compressé).




En quelques millions d'annés, c'est à dire très rapidement aux échelles de temps géologiques, la chaîne de montagne s'érode et se transforme en pénéplaine marécageuse. L'érosion a supprimé presque tout le gneiss et mis à nu le granite. Il ne se passe plus grand chose jusqu'à -30 millions d'années. Le Massif central est alors une pénéplaine de faible altitude (~200m). A la place des Alpes se trouve la mer. La collision de la plaque continentale Afrique avec celle de l'Europe provoque la création des Alpes.

Un peu plus tard (quelques millions d'années quand même), la chaîne des Alpes commence à prendre de la place et pousse tout ce qui est autour d'elle, ce qui a pour effet de faire basculer le Massif central. Le bord côté Alpes se soulève jusqu'à des altitudes supérieures à 1000m et des effondrements se produisent par contrecoup, telle la vallée du Rhône.
La formation des Alpes est peut-être aussi à l'origine d'un amincissement anormal de la croute terrestre sous le Massif central. Quelques fracturations apparaissent, par lesquelles s'infiltre du magama.



Le magma se faufile lentement au travers de fissures et remonte vers la surface. Presque juste au-dessus se trouve un lac dans lequel des sédiments amenés par les cours d'eau du bassin versant se déposent. Ces sédiments ne sont rien d'autre que les futures argiles de Cornuscle.



Vers -10/-8 millions d'années, le basalte, premier produit de la chambre magmatique, arrive à la surface.



La composition de la lave émise par la chambre magmatique change car la chambre magamatique refroidit avec le temps ce qui provoque la solidification d'une partie de son contenu (les éléments ayant la plus haute température de fusion). Le magma est en effet composé de plusieurs minéraux différents. Au début, il est très chaud (1200°C) et produit du basalte qui fond à cette température. Quand la température baisse, des minéraux cristallisent (et donc deviennent solides) dans la chambre magmatique, ce qui fait changer la composition de la lave qui s’échappe de la chambre, elle devient de plus en plus riche en silice et de plus en plus visqueuse.




Et enfin, la chambre magmatique produit son dernier type de lave, la rhyolite. Celle-ci a la même composition chimique que le granite, mais a un aspect très différent
(voir "Girond zoom") en raison des différences de  vitesse de refroidissement (quelques jours ou mois pour la lave, ce qui ne lui laisse pas le temps de cristalliser, à l'inverse du granite).




Depuis les éruptions volcaniques, l'érosion a été très importante, principalement à cause du basculement du Massif central qui a recréé un relief accidenté. Un autre contribution est due à "l'épisode messinien". Vers -5,9 millions d'années (au messinien), le détroit de Gibraltar s'est fermé pendant environ 600 000 ans. Comme les fleuves ne suffirent pas à compenser l'évaporation (c'est toujours le cas aujourd'hui, l'Atlantique fait l'appoint pour que le niveau de la Méditerrannée reste constant), le niveau a baissé. On estime qu'il n'a fallu que quelques milliers d'années pour que le niveau descende de 2000m. Cette baisse de niveau a rendu torrentiels les fleuves et leurs affluents, dont le niveau a baissé à leur tour (on estime que l'Ardèche s'est enfoncée de 300m, l'Eyrieux un peu moins car il entaillait du granite qui est plus dur que le calcaire) accélérant l'érosion. Comme les pierres volcaniques sont plus résistantes que le granite, elles sont restées en place et l'érosion a fait son travail tout autour. Aujourd'hui, le fond de la vallée où s'est faite la coulée du Coudiol est perché sur les crêtes. Mieux encore, le lac qui avait été recouvert par la coulée de basalte est resté protégé pendant 8 millions d'années et n'a été mis à jour que très récemment (aux échelles de temps géologiques!) permettant l'exploitation de l'argile qui avait sédimenté au fond du lac.






   
   

Le serre de la Farre.

C'est un éboulis phonolitique. Cette photo est prise du Coudiol qui lui est basaltique. Les montagnes phonolitiques sont plus récentes et ont traversé le plus souvent les coulées basaltiques.

   
                           
                 
      L'éboulis du sommet du serre de la Farre (encore appelée "le camp de César" en raison des traces humaines au sommet et du passage des légions de César à proximité). Sur la photo on voit un morceau du mur qui fait le tour du sommet. Au second plan on voit la forme très caractéristique du Gerbier des Joncs          
                 
                           
                 
     

Le Coudiol

La photo est prise du pied du serre de la Farre (les 2 sommets sont à moins de 1km de distance). Girond se trouve au pied du Coudiol, caché par la forêt qui se trouve sur la droite de la photo. Le Coudiol est le volcan basaltique dont sont parties toutes les coulées qui se trouvent au-dessus de Girond.

     
                 
                           
   

Le Coudiol, absent sur cette photo, se trouve à gauche du village de Cornuscle.

La coulée qui en est issue a formé la crête suite à l'érosion importante qui a inversé le relief puisqu'à l'origine cette coulée était en fond de vallée. L'ancien lac (là où se trouve à présent un dépot sédimentaire d'argile de plusieurs mètres d'épaisseur) se trouve juste à droite du village, partiellement recouvert par la coulée de basalte, il a aussi subi l'inversion du relief.

     
               


Les grandes lignes du paysage de Girond sont à présent tracées: socle de granite, coulées de basalte et dômes phonolitiques. Erosion récente liée à la formation des Alpes, vieux cailloux (socle granitique) et "jeunes" (basalte et phonolite). Mais d'autres surprises nous attendent quand on y regarde d'encore un peu plus près. Si le mystère des "pierres bleues" qui résistent à n'importe quelle perceuse vous intéresse, ne manquez pas le dernier épisode de la saga géologique de Girond.
 



Sources:

  • Encyclopedia Universalis,
  • carte géologique du BRGM de la région de Lamastre,
  • brochure CEA sur la cosmologie,
  • guide de l'Ardèche par Michel Riou (Editions de la Manufacture),
  • Ardèche, terre de volcans par Bernard Riou,
  • Plaquette de présentation du site de Brion,
  • et enfin le génial cours de géologie de l'université de Laval (Québec) accessible à tous http://www.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/intro.pt/planete_terre.html