La
vallée des tuiliers Association des Amis de
Girond (Ardèche)
Un peu d'histoire géologique de Girond La terre est une boule
presque ronde, froide en surface et de plus en plus chaude vers son
centre. Cette boule est selon la profondeur solide, puis molle, liquide
et enfin solide. Elle est recouverte d'une peau solide extrêmement
fine, constituée d'une quinzaine d'écailles géantes appelées "plaques
continentales" et "plaques océaniques". Nous vivons à la surface de
cette peau, sur les plaques continentales. Sous l'action des courants
de chaleur à l'intérieur de la boule, les plaques se déplacent jusqu'à
quelques cm par an, provoquant des collisions (plaques continentales)
ou des chevauchements (plaque continentale contre plaque océanique).
Le Massif central est le reste d'une immense chaîne de montagnes, aussi
haute que l'Himalaya causée par une collision de plaques continentales
quelque part vers le pôle sud. Commencée il y a 400 millions d'années,
la collision s'est terminée à -300 miilions d'années. La pression et la
température des roches en
profondeur (10 à 30 km et même 75km pour certaines roches) ont augmenté jusqu'au point où elles ont
commencé se transformer, mais sans toutefois fondre. Ces roches
transformées sont très reconnaissables car elles présentent des bandes
de couleur différentes. Les roches de ce type les plus fréquentes dans la région sont des gneiss.
Vers -300 millions d'années, quand la collision s'est arrêtée, la
pression a diminué mais pas la température qui a même augmenté, ce qui a provoqué la fusion
complète d'un immense dôme de gneiss qui est alors devenu du granite,
appelé granite du Velay.
Gneiss et granite sont les pierres les plus fréquentes dans la région.
Il faut avoir en tête que la génèse de ces pierres s'est faite à grande
profondeur. Alors comment sont-elles arrivées en surface ?
La réponse est assez simple : l'érosion naturelle, Archimède et le
temps. Quant on voit une chaîne de montagne, on a l'impression qu'elle
est éternelle ; à notre échelle c'est vrai. Mais rapportée aux temps
géologiques, son érosion est très rapide, on estime que pour passer de
6000 m à 1000 m, il suffit de 30 millions d'années. De plus quand la
chaîne s'érode elle a tendance à remonter. Imaginez un glaçon qui fond
dans un verre de pastis, il a toujours 1/10ème de son volume hors de
l'eau (rappelez-vous Archimède!). Si la partie à l'air libre fond et
puisqu'il faut toujours 1/10ème hors de l'eau, le glaçon remonte.
Appliqué pendant 300 millions d'années, cela permet de marcher sur des
rochers qui étaient enfouis à grande profondeur.
A part cette érosion, il ne se passe pas vraiment grand chose à Girond entre
-300 millions d'années et - 10 millions d'années. La plaque
continentale remonte lentement vers le Nord. Vers -200 millions
d'années, il est possible que Girond ait été sous la mer, mais nous
n'en avons aucune trace (par contre il est prouvé que Vernoux a été
sous la mer à cette époque).
Vers -30 millions d'années, le Massif central est une pénéplaine de
faible altitude (~200m). A la place des Alpes se trouve la mer, mais le
processus de formation de la chaîne de montagne a déjà commencé. Possible contrecoup, un amincissement anormal de la croute terrestre apparaît sous le Massif central.
Un peu plus tard (quelques millions d'années quand même), la chaîne des
Alpes commence à prendre de la place et pousse tout ce qui est autour
d'elle, ce qui a pour effet de faire basculer le Massif central. Le
bord côté Alpes se soulève jusqu'à des altitudes supérieures à 1000m et
des effondrements se produisent par contrecoup, telle la vallée du
Rhône. Ce basculement va réactiver l'érosion sur la bordure soulevée,
ceci explique le relief particulièrement escarpé des Boutières
comparativement à celui beaucoup plus doux du plateau ardéchois.
L'anomalie de la croute terrestre s'amplifie et finit par provoquer des
fissures et des éruptions volcaniques entre -10 et -8 millions
d'années, soit des coulées de lave plus ou moins fluide (basalte,
phonolite), soit des dômes (phonolite). A Girond, c'est une coulée de
basalte qui a façonné le paysage. Originellement la coulée était en
fond de vallée : le basalte est très fluide et coule donc un peu comme
de l'eau, on a d'ailleurs retrouvé les restes d'un lac recouvert par la
coulée à Cornuscle. Et puis l'érosion a fait son travail en s'attaquant
aux roches les plus fragiles (granite, gneiss) et laissant en place les
roches volcaniques qui se retrouvent maintenant sur les crêtes
au-dessus de Girond.
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